'fallait écouter ta mère, Piotrilitch...

Comme un feu abandoné, le ciel rougeoyant se laissait doucement consummé par la nuit froide de la fin d'automne. Cela faisait maintenant 4 jours que cette grippe prenait en tenaille la tête de Piotrilitch. Il avait refuser les ongants d'herbes médicinales prescrites par le sorcier "Grand Tou-Bibe" que sa mère lui avait proposé pour calmer sa fièvre celle-ci semblait quand même s'attenuer, faisant place à une toux douloureuse. Et en plus, quelle idée avait encore eut son superieur pour qu'il faille absoluement assister à cette réunion à Halerouine: il en avait encore pour une bonne partie de la nuit à marcher sur cette route qui semblait s'allonger désespérément...

Mais ce n'était pas tant ce froid mordant que la nuit lui offrirait bientôt qui faisait accelérer le pas de Piotrilitch en ce moment... Quelque-chose le suivait depuis un moment déjà, il le sentait. Sans doute quelques maudits guenilleux curieux des passants sur la route. Ces animaux stupides, peureux, et frêles ne valaient même pas que l'on les regardent. "Qu'un seul approche et je m'en lui éclaterai la tête!" songeait-il. Pourtant Piotrilitch marchait de plus en plus rapidement, comme si une autre crainte lui invectivait de ne pas s'attarder...

Les minutes passèrent, et la nuit était bien installée à présent. Piotrilitch angoissé, suant autant de sa marche rapide que de sa fièvre, s'exhorbitait les yeux en se retournant périodiquement pour essayer de pénétrer les lugubres bois tenaillant la route. Piotrilitch soudain s'esquiva dans un des fossés des bas-côtés. S'en était trop... Il allait les taillader en pièces ces guenilleux... Il ne voulait pas continuer ainsi à marcher en compagnie de ces stupides choses...

Piotrilitch dégaina son arc et tint prête sa longue dague, puis attendit, la sueur maladive au front, que ses yeux cachés qui le suivaient vinrent se trahir. Là... Quelquechose bougea sur la route... Presque imperceptiblement, un silhouette informe vint se dessiner... puis deux... et trois... Piotrilitch tendit l'arc, doucement, les silhouettes approchaient, par acoups... Il fallait être sur d'en avoir au moins un du premier coup... Il fallait qu'ils approchent... Plus près... Encore plus près... Mais le virus qui l'acompagnait jugea autrement opportun de décocher la flèche en silence: Piotrilitch toussa nerveusement, les silhouettes s'immobilisèrent, les yeux braqués vers l'archer camouflé.

Lachant un juron, Piotrilitch décocha la flèche qui manqua lamentablement sa destination. Tampis, il allait les achever avec sa lame, un peu d'exercice le réchaufferait. Il sortit des bruyamment des buissons, brandissant l'arme aiguisée. Une lueur éblouissante et tonitruante fit reculer la nuit pour une fraction de seconde, et le valeureux guerrier disparu pour laisser la place à une bouillie organique fumante et sans forme, mêlée de bouts de métaux...

Le lendemain, des caravaniers retrouverent le gruau humain sur le bord de la route. Ce ne fut que le sur-lendemain que l'on decouvrit l'identite de la bouillie flasque: la mere de Piotrilitch, inquiete, etait partie a sa recherche. Celle-ci arriva a reconnaitre la grosse baguouse de son fils liquefié.

On racontait depuis les pires histoires sur ce qui pu arriver a Piotrilitch et le fait de voyager sur la route la nuit...

'fallait écouter ta mère, Piotrilitch...

Dans la capitale, Halerouine, l'on entendait de plus en plus d'histoire de personnes agressees par des guenilleux... Des cas epart, sans aucune raison. La plupart du temps, les gens racontaient leur victoire face a leur adversaire boiteux et diformes.

Certains petits groupes commencerent a organiser des "chasses", pour traquer individuellement ces bipedes au dos courbe et pustuleux. Les chasses se terminaient souvent en rire en s'amusant avec leur proie avant de l'achever.